Seng Tat Liew

Né en 1979 en Malaisie. Après plusieurs courts métrages, son premier film Flower in the Pocket, 2007 a reçu de nombreux prix (Festivals de Rotterdam, Fribourg, Deauville et Pesaro). En 2008, il participe à une résidence d’auteur du Festival de Cannes ? Cinefondation puis en 2010 à Turin et en 2011 à Sundance où il prépare son deuxième long métrage, Les hommes qui sauvent le monde. En 2010 il a fondé Everything Films en tant que producteur du cinéma indépendant malais.

Les hommes qui sauvent le monde (Lelaki harapan dunia)

Avec :
Jjamal Ahmed, Harun Salim Bachik

Allemagne, Malaisie, Pays-Bas, 2014, 94min. malais ,

Dans un village malais, Pak Awan décide de déplacer une maison abandonnée de la jungle vers le village pour l’arranger pour sa fille qui doit se marier. Il demande l’aide des villageois pour la porter sur des barres de bambou. Un petit malfrat en fuite découvre la maison et veut s’y cacher. Un drogué du village le prend pour un fantôme et voilà que la peur du démon, qui se répand dans le village comme une trainée de poudre, va chambouler tous les plans.

Un film très drôle, aux allures parfois de farce, et qui pourtant donne à réfléchir :

le mélange entre islam et croyances ancestrales met le doigt sur le fait qu’une religion est toujours syncrétiste, intégrant des traditions antérieures à son implantation (la scène avec le chaman exorciste est à plier de rire) ; la corruption des élus locaux, la connivence entre le chef du village et le muezzin, la crédulité des gens, des enfants entre innocence et méchanceté naïve? tous les éléments sont réunis pour épingler joyeusement les travers d’une société rurale.

Festivals :

Locarno (Suisse) ; Toronto (Canada) ; Nara (Japon) Busan (Corée du Sud) ; Vancouver (Canada) ; Calcutta (Inde) ; Taipei (Taïwan) ; Turin (Italie) Singapour ; Cambodge

Prix du jury Pro-Fil en 2015

Justification du jury :

A travers l’histoire d’un petit village malais, le film pose des questions universelles sur les comportements d’un groupe humain et le poids des croyances et des superstitions. Ces villageois s’unissent pour déplacer, sinon les montagnes, du moins une maison dans la jungle, mais, à la suite d’événements inexpliqués, la communauté va s’unir avec la même ferveur dans une chasse au démon qui dégénère dans une chasse à l’homme. L’observation de cet égarement interroge sur ce qui unit et oriente l’action d’une collectivité. Ce besoin de solidarité et d’union ne comporte-t-il pas des risques de mauvaises analyses et de dérives comme le suggère la fin du film ? Faut-il créer un bouc émissaire pour ressouder la collectivité ?

Ce sujet sérieux est porté avec bonheur par un scénario très construit et une réalisation pleine d’humour et de trouvailles cinématographiques.

En exclusivité

Séances :